Parce qu’il n’y a pas que Gangnam Style Au sud de la Corée du Sud Près de 4 ans après mon dernier voyage,
je retourne explorer la partie sud de la péninsule coréenne, accompagné cette fois.

01 au 19 août 2016
"Un chemin de mille lieues commence toujours par un premier pas." Lao Tseu

GangneungOù le soleil se lève

Début du voyage. Ou comment je me suis retrouvé avec toute la famille maternelle de ma belle à manger du gamja ongsimi.

Si vous n'avez jamais entendu parler de Gangneung, ça ne saurait tarder. C'est ici que se tiendront certaines épreuves des JO d'hiver 2018. La famille maternelle de Chansong est du coin, c'est du coup la raison principale de mon arrivée sur les rives de la mer de l'Est, dont la visite me sera faite par la famille au complet !

Assez difficile d'accès, la région de Gangwon n'est pas la plus touristique de Corée du Sud, mais Gangneung est une petite ville (à l'échelle coréenne) bien agréable qui dispose de quelques endroits intéressants. Le plus symbolique est probablement Ojukheon (오죽헌), maison qui doit son nom aux bambous noirs qui l'entourent. On la retrouve au recto du billet de 5 000 ₩, au côté de son illustre résident Yi I, érudit de la dynastie Joseon - dont la mère, Shin Saimdang, figure sur le billet de 50 000 ₩. Quelle famille !

On dit qu'à Gyeongpodae, on voit 5 lunes. La vraie, dans le ciel, ses reflet dans le lac, la mer, le verre que l'on boit et les yeux d’un(e) amoureux(se).

L'autre attrait de Gangneung est sans aucun doute le lac de Gyeongpo (경포호) et ses alentours. Du pavillon Gyeongpo (경포대) à la plage d'Anmok, bordée de nombreux cafés, l'endroit est très fréquenté et animé. Une balade à vélo autour du lac permet de profiter de l'atmosphère.

(De haut en bas) Ojukheon et son bambou noir - Lac Gyeongpo - Plage d'Anmok

Plus au sud se trouve Jeongdeongjin, fameux spot d'observation du lever de soleil le jour de l'an. Dans un train, entre mer et rivière, se trouve un musée du temps, mais le plus surprenant reste ce bateau de croisière niché sur la colline au dessus. Oui. Un paquebot. Sur une colline. Alors qu'on croyait être dans une station balnéaire banale... Ce "bateau", est en fait un hôtel pour le moins atypique et une attraction en soit.

En continuant vers le sud, nous tombons sur Simgok (심곡), un petit bled paumé sur la côte. On y trouve un restaurant qui a eu son heure de gloire à la télé coréenne pour son gamja ongsimi (감자옹심이), une sorte de soupe de boulettes de pommes de terre. Bien que l'endroit tienne plus du bouic-bouic et que j'ai clairement l'impression que nous avons déjeuné dans le salon du propriétaire, la bouffe est bonne et ce n'est pas tous les jours qu'on mange avec 3 générations d'une famille !

Toujours plus au sud, vers Donghae, les barbelés qui déchirent la côte et les postes de gardes en bord de route nous rappellent que la Corée du Sud est toujours en guerre avec le frère du nord. La zone, relativement sauvage, est propice à l'invasion maritime. C'est ce qu'ont dut penser les sous-mariniers qui on tenté l'expérience en 1996 à Gangneung. Sans succès apparemment puisque l'engin est exposé dans un parc de la ville à présent.
À Donghae se trouve une grotte assez particulière puisque située en pleine ville. Cheongokgul (천곡굴) est une grotte calcaire qui s'étire sur plus d'un kilomètre. Nous nous frayons un chemin parmi les nombreuses formations rocheuses visibles et profitons de la fraîcheur ambiante, une invitée de marque en ce chaud après-midi d'août.

(De haut en bas) Jeongdeongjin - Grotte de Cheongok

DaejeonPassage éclair dans le grand champ

Beaucoup de Coréens vous demanderont pourquoi Daejeon. Ils n'ont pas vraiment tort...

Clairement, si Chansong n'y habitait pas, je ne serais pas passé par Daejeon (대전). La vie est ainsi faite ! Du coup, je n'ai que peu de choses, si ce n'est rien, à dire sur la ville, la 5e du pays avec ses quelques 1,5 millions d'habitants et dont le nom signifie "grand champ".

C'est pourquoi nous nous sommes plutôt tournés vers Gongju, ancienne capitale du royaume de Baekjae (백제), annexé par Silla au 7e siècle (pour Silla, voir plus bas). Parmi les témoins du passé se trouvent, en haut du podium et classés à l'UNESCO, la forteresse Gongsan (공산성) et les tombes royales de Songsan-ri (송산리 고분군)

Gongsanseong offre un panorama agréable sur la ville et la rivière qui la traverse. Les plus sportifs s'essayeront au tir à l'arc, sport roi en Corée - particulièrement en ces temps anciens.
À Songsan-ri il est possible de voir des reproductions fidèles de l'intérieur des 7 tombes, notamment celle du roi Muryeong. Les originales sont cachées sous leurs tumuli originels, sortes de pyramides version coréenne, fermés au public depuis quelques années déjà.

Une des portes de Gongsanseong Muraille de Gongsanseong Tombes royales de Songsan-ri
(De haut en bas) Forteresse Gongsan - Tombes royales de Songsan-ri

Après 2 nuits à Daejeon, une partie de bowling et quelques restos, il est temps de continuer. Je retiendrai dans tout ça que je n'ai pas perdu la main au bowling depuis tout ce temps.

GunsanUn petit air de Japon

C'est ici que commence réellement le petit périple vers le sud de la péninsule !

Disons le, Gunsan n’est pas la destination la plus glamour en Corée, mais elle témoigne un peu de l’histoire moderne de Corée, alors pourquoi pas ? Et puis, elle marque le début de ce petit voyage vers le sud avec ma coréenne. Un bon point de départ.

Sous occupation japonaise, la ville devint un gros port d’export pour le riz, principalement vers l’envahisseur nippon. Aujourd’hui elle garde quelques traces de cette occupation. Outre l’export de riz, la plus célèbre est sans doute Hirotsu house, une belle baraque traditionnelle japonaise, située juste de l’autre côté du mur qui la sépare de notre guesthouse.

Une petite balade au Musée d’Histoire Moderne permet d’en apprendre un peu plus sur la ville et son développement, qui semble s'être arrêté il y a quelques années déjà. Qu'importe, les esprits sont déjà tournés vers la prochaine destination qui s’annonce un peu plus excitante.

(De haut en bas) Hirotsu House - Anciennce maison des douanes - Ruelle de nuit

JeonjuDes hanoks à la pelle

Nous y voilà, Jeonju, sa chaleur implacable - une constante du voyage - son bibimbap (비빔밥, un fameux plat coréen) et ses hanoks.

Justement, nous séjournons dans un hanok, au fond d’un dédale de ruelles, en plein dans le fameux village de hanok de la ville. C’est d’ailleurs parmi les plus de 800 habitations - pour la plupart transformées en cafés, restaurants, ou guesthouses - que nous allons déambuler pendant 2 jours.

Après un Galbi (갈비, boeuf mariné grillé) dégusté dans un hanok, bien évidemment, direction l'artère principale du "village". La rue, pavée, se partage entre les voitures, les piétons, et toutes sortes de scooters et trottinettes électriques. Un cours d'eau serpente le long du trottoir et des hanoks bordent l'ensemble.

(De haut en bas) Eunhaeng-ro (은행로), l'artère principale - Au détour d'une ruelle.

La première visite nous amène à Gyeonggijeon, construit pour commémorer la fondation de la dynastie Joseon, et où l'on trouve le portrait (original) du roi fondateur Taejo. Quand on apprend ce qu'impliquait le transport d'un tel portrait, on comprend mieux l'importance et la symbolique que revêt l'image de l'ancien et le lieu qui l'abrite.

À Gyeonggijeon, t'apprends que transporter un portrait du roi relevait plus de l'expédition que du parcours santé.

À la tombée de la nuit, la colline abritant Omokdae (오목대), un pavillon, lieu de fête pour le roi Taejo, offre une vue imprenable sur le village de hanoks. Malheureusement, en été, les moustiques vous feront vite comprendre que votre place est au pied de la colline. Nous en profiterons alors pour louer, nous aussi, un scooter électrique pour arpenter les rues.
De la vieille porte Pungnammun (풍나문) au pavillon Cheongyeonlu (청연루), posté sur un pont, le petit engin permet de visiter la ville d'une autre façon et c'est plutôt agréable.

(De haut en bas) Vue depuis Omokdae - Pungnamun - Biker à l'entrée de Gyeonggijeon

Le 2ème jour sur place sera plus calme, de quoi s'adonner à un atelier de noeuds coréens, revoir l'amie Hyemi, rencontrée 6 ans auparavant sur la côte ouest Californienne et profiter des cafés de la ville.

BoseongÀ faire pâlir un anglais à 17h

4ème jour du voyage en couple, direction Suncheon. Ce sera notre lieu de résidence pour les 2 prochains jours, mais pour aujourd’hui, on y louera seulement un véhicule pour rallier Boseong. Les plantations de thé vert de Daehan Dawon (보성녹차밭 대한다원) sont la vraie destination du jour et un des points d’orgue de notre parcours.

Une heure de route plus tard, nous y voilà. Une très belle allée de cèdres nous amène au pied des plantations. Oui, au pied. Pour apprécier la vue de carte postale, il faut donner de soi. Par une belle journée d’août, au sud de la péninsule, c’est peu dire !
J’exagère un peu, le plus beau point de vue vous demandera juste de gravir quelques dizaines de marches. Si vous souhaitez voir la mer, tout au sommet de la plantation, c’est autre chose…

Inutile d’être amateur de thé pour apprécier l’endroit. A vrai dire, c’est presque l’endroit qui vous ferait apprécier le thé ! Le coin, idyllique, a servi de décor à de nombreux films et séries. Les panonceaux en bois çà et là nous le rappellent. De quoi réjouir les coréens, assez friands de ce genre de chose.

Plantation de thé vert de Daehan Dawon.

Le retour vers Suncheon donne l’occasion de s’arrêter à Naganeupseong (낙안읍성), dernière forteresse de la dynastie Joseon dans la région de Jeollanam (전라남도). Plus de 200 personnes vivent encore dans la centaine de bâtiments qui composent le village folklorique entouré de remparts. S’y balader c’est se replonger quelques siècles en arrière - six pour être précis - et apprécier la quiétude du lieu alors que le jour décline. Soumis à l’UNESCO pour être intégré au Patrimoine Mondial, il pourrait alors rejoindre les villages plus connus de Hahoe et Yangdong.

(De haut en bas) Porte Sud de Naganeupseong - Vue générale.

SuncheonDe l'artificiel au naturel

Second jour dans la province de Jeolla du Sud, et au programme deux choses totalement différentes : Suncheon Drama Sets et la baie de Suncheon (순천만).

La première nous emmène quelques décennies en arrière sur 3 décors (de 1960 à 1980), lieux de tournages de nombreux films coréens ("Gangnam Blues" parmi les plus récents). Sans être fan de cinéma coréen, c’est amusant de voir ce à quoi pouvait ressembler Cheonggyecheon (cours d’eau traversant Séoul) dans les années 60, entre autres.

Suncheon Drama Set, y'a 50 ans la Corée était moins glamour qu'aujourd'hui...

Pour la deuxième, on revient à la nature. La baie de Suncheon est une zone humide de plus de 3 500 hectares, véritable sanctuaire pour la faune et la flore. C’est aussi un lieu prisé pour les couchers de soleil. Mais comme toute bonne chose se mérite, il faudra se frayer un chemin à travers les roseaux sur des passages surélevés, survivre aux crabes et moustiques, traverser un pont, grimper via la piste, pour enfin arriver à l’observatoire de Yongsan. Dis comme ça, ça fait aventure, non ? Pas loin, mais on oublie vite une fois en haut ! D'ailleurs, on ne s'y attardera pas trop une fois le soleil couché, la zone est protégée et il n’y pas d’éclairage pour le retour.

Au bout du chemin, tout à droite sur la colline au fond : l'observatoire et la vue sur toute la baie de Suncheon

TongyeongSur les traces de Yi Sun-sin

Ville portuaire de la côte sud, Tongyeong offre, avec ses nombreuses îles et îlots, un cadre plus attrayant que Gunsan.

Mireuk, la plus grande des îles, offre d'ailleurs une belle vue à 360° sur la baie et les îlots environnants, si tant est que l'on daigne atteindre le sommet Mireuk-san (미륵산). La formule la plus rapide combine téléphérique et sueur. Oui, il reste quelques marches pour rallier le sommet.
D'en haut, on comprend mieux comment l'Amiral Yi Sun Sin a su tirer parti de la géographie des lieux, et de son bateau-tortue (거북선), pour mettre une branlée à la flotte japonaise à la fin du 16e siècle. C'est la fameuse bataille de Hansan, île située au sud-est de celle de Mireuk.

Jusqu'au sommet du mont Mireuk, point culminant de l'île éponyme

Du terminal des ferry de Tongyeong, Hansan-do (한산도) s'atteint en une demi-heure de navigation. En plus d'être connue pour la bataille, l'île doit également sa notoriété au fait que Yi Sun Sin en avait son QG. Aujourd'hui on peut visiter Jeseungdang (제승당), à quelques centaines de mètres du "port" de l'île. L'endroit est hors du temps et on s'y attarderait bien volontiers. Si seulement on n'apercevait pas au loin le ferry qui revient déjà de la ville...

(De haut en bas) Arrivée sur Hansando et visite de Jeseungdang - Réplique du fameux bateau-tortue

GyeongjuAu royaume de Silla

Capitale de Silla, qui régna sur la péninsule près d’un millénaire après avoir unifié les trois royaumes de Corée (-57 av. J.-C. à 935), Gyeongju abrite un nombre fou de bâtiments et ouvrages de cette période, qui lui valent son appellation de « musée à ciel ouvert ».

Quand on arrive dans le centre historique de la ville, outre les hanoks, il est difficile d’ignorer les énormes tumuli, dernières demeures de nombre de rois et reines de Silla (tout comme à Gongju, plus haut). Ici, on en trouve plus de 150 !

Avec une importance historique telle, Gyeongju regroupe près de 10% des trésors nationaux du pays. Parmi ceux facilement accessibles à pieds ou en vélo, on notera l’observatoire Cheomseongdae (첨성대), le plus vieux en Asie de l’est, le temple Bunhwangsa et les nombreuses reliques conservées au Musée National. À ceux-ci peuvent s’ajouter, de façon non-exhaustive, Anapji (안압지), la vieille maison de la famille Choi ou la forêt de Gyerim (계림).

(De haut en bas) Daereungwon - Cheomseongdae - Anapji - Sortie à vélos

Le temple de Bulguksa (불국사), à quelques kilomètres du centre, est probablement le site le plus visité de Gyeongju, conjointement avec la grotte de Seokguram (석굴암) et son fameux bouddha. Nous nous sommes contentés du temple, sans quoi j’aurais eu le bouddha, mais la chaleur aurait eu ma douce.

Temple Bulguksa

SeoulI.Seoul.U

En anglais dans le texte, I.Seoul.U est le nouveau slogan de la capitale coréenne. Et c'est pas une connerie. Faut avouer qu'il y aurait eu plus bandant comme "marque" pour "vendre" la ville. Relativisons, on a échappé au "I love BJ", floqué sur les t-shirts vendus aux touristes à Pékin (Beijing). Comprenne qui pourra.

Lorsque j'ai quitté Seoul en 2012, nous étions en novembre, la température glissait doucement sous les 10°C et Dongdaemun Design Plaza (DDP) n'était qu'un vaste chantier. Quel plaisir de renouer avec la mégapole, à condition de faire fi des 38°C ambiants. Une habitude depuis maintenant 15 jours

Finalement, Séoul a peu changé. La porte Namdaemun est toutefois ressortie de sa boîte (reconstruction suite à incendie criminel). Le Trésor National n°1 se fait de nouveau respecter au milieu de cette forêt de béton. Dans un style tout autre DDP en impose également. Cet OVNI, temple du design et du divertissement est, depuis son ouverture en 2014, un incontournable de la capitale.

(De haut en bas) Dongdaemun Design Plaza - Gwanghwamun, porte du palais Gyeongbokgung - Cheonggyecheon

Au bout de 3 voyages en Corée, c'est devenu une habitude, je profite d'une soirée pour partager quelques verres avec l'ami Sup, lui aussi rencontré à San Diego. De quoi échanger sur comment le pays, tout comme nous, a changé, avant de se rendre compte qu'il est déjà temps de rentrer sur mon île.
안녕히 계세요 대한민국 ! Au revoir Corée du Sud !

Statue de l'amiral Yi Sun-sin au coeur de Seoul
Le héros Yi Sun-sin fait à présent face aux néons, en plein coeur de Séoul.